OMBRES EN MOUVEMENT

"Le vide à l'intérieur du corps devient plus léger que l'air alentour. Petit à petit on finit par peser moins que rien"... "on se laisse évaporer. Et alors, petit à petit, on s'élève. "- Paul Auster: "Mr  Vertigo" p.317 éd. Livre de Poche.

"elle fait de l'air sa frontière".  Lola Lafon : " Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce'' p.382 éd. Actes Sud.

"Ombres en Mouvement" se compose de projections de quatre videos sur quatre camisoles en coton blanc cassé exposées de face au dessus du regard, leurs manches sont croisées dans le dos et reliées par un ruban de contention dessinant des paraboles s’arrêtant à 10 centimètres au dessus du sol. Les quatre vidéos, d'une minute trente environ représentent des personnages évidées à partir de photographies de ma tante prises durant l'été 1957. Ainsi transformées en ombres , elles balayent et éclairent de bas en haut, et vice versa, les inscriptions brodées verticalement sur des camisoles: ambivalence, bizarrerie, impénétrabilité, détachement.

 

Ces quatre termes définissent le syndrome dissociatif de la schizophrénie, dont ma tante fut diagnostiquée au début des années 1950. Ils restent toujours d’actualité. D'aspect plutôt littéraire, ouvert aux interprétations multiples, réunis, ils se transforment en un diagnostique médical incisif et définitif, assimilé à une altérité à connotation négative: cet autre différent à écarter, exclure du groupe social. 


Dans cette installation aux travers des projections des vidéos, c’est l'ombre qui éclaire, donne corps et réhabilite l’identité perdue. Comme en lévitation, les camisoles s'échappent de leur captivité, s'envolent, se libèrent de la gravité et s'ouvre à l'espace. 


"Ombres en Mouvement"consists of projections of four videos on four off-white cotton camisoles exposed frontally above the eye, their sleeves are crossed at the back and connected by a restraining ribbon drawing parabolas stopping 10 centimeters above the ground. The four videos, approximately one minute and a half long, represent characters hollowed out from photographs of my aunt taken during the summer of 1957. Thus transformed into shadows, they sweep and illuminate from bottom to top, and vice versa, the vertically embroidered inscriptions. on camisoles: ambivalence, oddity, inscrutability, detachment. 


These four terms define the dissociative syndrome of schizophrenia, with which my aunt was diagnosed in the early 1950s. They still remain relevant today. Rather literary in appearance, open to multiple interpretations, brought together, they transform into an incisive and definitive medical diagnosis, assimilated to an otherness with a negative connotation: this different other to be pushed aside, excluded from the social group.


 In this installation, through video projections, it is the shadow that illuminates, gives substance and rehabilitates lost identity. As if levitating, the camisoles escape from their captivity, fly away, free themselves from gravity and open up to space.

VUE D'ENSEMBLE DE L'INSTALLATION  "Camisoles Double Dutch"

lors de l'exposition  "Altérité"  au centre culture de  Cachan  en 2012


VUE D'ENSEMBLE DE L'INSTALLATION  "Camisoles Double Dutch"

lors de l'exposition  "Altérité"  au centre culturel  Cachan en 2012